Quand la passion dévore la raison

Ca fait désormais un petit mois que je me suis lancé dans l’aventure “blog”. Je n’avais certes pas envie de raconter ma vie en l’ouvrant, je le faisais dans une optique de partage. J’ai toujours apprécié qu’on me fasse découvrir de nouveaux horizons donc j’essaie de faire de même, tenter la curiosité, éveiller les instincts et surtout, partager. Pas de partage, pas de liens entre les individus (en l’occurence moi) … que d’ennui. Petite auto-critique de ces 30 derniers jours ;-)

J’avoue. Quand j’ai ouvert le blog j’étais tout fébrile, presque en train de me dire “ça y’est toi aussi Thomas tu vas avoir des fans”. Je caricature mais bon, si ce que j’écris n’intéresse personne, mon ego n’a pas besoin d’admirer ses propres mots pour se flatter : il n’en a pas besoin.

Quoiqu’il en soit, je me suis (normalement) posé quelques questions depuis la mi-février, date de mon premier billet.

Que retirer pour l’instant de cette petite activité totalement non lucrative, absolument inintéressante sortie de son contexte ? Ecrire c’est bien, écrire j’aime mais écrire ça prend du temps et bon, malheureusement, le temps, aussi infini soit-il, existe en quantité assez limité, surtout quand on travaille “trop” (39h sur le papier c’est pas assez pour certains -_-), trop pour profiter comme on voudrait. Comme je le pensais au départ : quand on a du temps de libre on n’a pas d’argent et finalement, quand on a un soupçon d’argent qui montre son nez, ben au revoir le temps. On n’a rien sans rien, c’est bien connu et ça se vérifie. Faut pas croire, même si je ne considère pas écrire beaucoup, je passe une petite heure à chaque fois pour rédiger un billet. Entre le temps de trouver les idées à écrire, structurer ses pensées, tapoter, se corriger, modifier les phrases qui plaisent pas, se documenter un peu afin d’ajouter un côté un minimum culturel … ben il se passe au moins 1 heure.

Au départ je voulais tenir le rythme d’un billet par jour. La pause déj’, j’fais l’associal et je préfère rester tranquille plutôt que de le passer avec des gens à qui on sourit par “politesse”, avec qui l’ennui est de mise et donc on n’a que peu d’affinité … pour discuter. Mais finalement, même l’heure “déjeuner” ça fait court et surtout, ça ne repose pas trop quand on doit attaquer de nouveau le “travail” (n’oublions pas ce mot, c’est celui qui nous lève le matin et nous endort le soir).

Et c’est là qu’intervient mon premier dilemne. Je ne sais pas si vous vous rappelez le premier billet mais je m’occupe “activement” d’un petit site de jeux vidéo (émulation pour être précis, nostalgie des jeux anciens et moins anciens) qui au fil du temps, au fil des efforts et au fil de travail (encore lui) a grandi pour être devenu, ce qu’il me semble, un site fortement fréquenté … en tous cas pour cette tranche thématique. Je n’ai reçu que peu d’échos réellement négatifs (il y a toujours des choses à améliorer cela va de soi) et surtout, l’équipe qui m’aide à travailler dessus est une perle. En lançant le projet, j’étais à 1000 lieues d’imaginer en arriver là. Oui je visais grand mais la réalité a dépassé mes espérances. Une consécration sympatique quand on compare les petits sites persos que je maintenais auparavant, ceux-là même qui me faisait sauter de joie au plafond lorsque j’atteignais les 21 visites quotidiennes. Emu Nova c’est plus de 6500 visiteurs uniques par jour, plus de 8000 visites et 30.000 pages vues.

Bref le dilemne (je sais je suis bavard quand je m’y mets) : une heure de temps consacrée à ce blog, c’était une heure en moins à consacrer à Emu Nova. Ca fait peut-être peu mais une heure ça représente 5 ou 6 brèves publiées sur le site, 10% d’un bon dossier, un moment privilégié pour programmer l’évolution des fonctionnalités (je suis de ceux qui ont du mal à se complaire dans la réussite, perfectionnisme quand tu nous tiens) … une heure ça représente tellement de choses, surtout à l’échelle d’une journée. Ca a été le début d’un petit éclair dans ma tête : oui je m’occupais beaucoup de ce site, oui j’y tiens car j’estime qu’il apporte des informations essentielles et qui intéressent, oui des personnes le visitent quotidiennement car elles l’apprécient pour des raisons qui leur sont propres. En clair, je consacrais beaucoup de temps à le faire vivre, à tenter de motiver les troupes, à réfléchir à l’avenir pour toujours rester au top. Ca demande des ressources, financières, physiques, morales, nerveuses … tout ce qui est lié au travail en somme.

Débarque il y a peu une console que je trouve formidable : la Nintendo DS. Impossible d’être objectif car j’aime beaucoup Nintendo de par leur culot d’arriver à proposer des concepts nouveaux, des idées nouvelles malgré un recyclage de licences fort critiqué. En même temps, rendre un Mario meilleur qu’un autre, c’est dur. C’est con mais appuyer sur le bouton “START” de Yoshi’s Island (sorti initialement sur Super Nintendo en 1995, déjà 10 ans) est toujours aussi joussif, nostalgique ou pas, c’est presque impossible de faire mieux.

Bref, même si je ne suis pas du genre à sauter sur une console à sa sortie, la DS m’a fait franchir ce pas. Sans m’étaler dessus, la fonction tactile, même si le concept n’est pas nouveau, appliqué à une console de jeux (vous savez, ce qui divertit et amuse, petits et grands, parents et enfants) c’est une bombe. Du coup, impossible de cacher que j’apprécie énormément y jouer et que tous les midis, je me fais un malin plaisir à ramasser des étoiles, basculer des tuiles monochromes, trancher des melons ou encore inverser des animaux dans un zoo … j’ai beau avoir 21 ans (chiffre sujet à changement dans très peu de temps d’ailleurs, ça ne s’arrêtera jamais), j’ai l’impression de retrouver les émotions vécues lorsque maman me trimballait à Mamouth pour faire les courses : le rituel du “je me dépêche d’aller à la console en démonstration pour découvrir ce qu’il n’y avait pas chez moi” commençait alors. Délice du plaisir éphémère mélangé à l’excitation du jeu, à l’étonnement de choses incroyables et réservées à l’imaginaire (vous pensez bien, piloter un vaisseau dans un champ de fleurs c’est pas courant) y étaient de rigueur.

Qui dit jeu dit temps passé à jouer. Et je ne peux pas écrire et jouer en même temps, sauf si bien sûr ça me suffit si on enlève de ça le réveil matinal, le trajet chez soi/boulot, le boulot, le trajet boulot/dodo(chez soi quoi), le repos, le diner, le sport, les sorties … crotte, fini y’a plus de temps. Le peu qu’il reste c’est soit jeu, soit travail. La DS m’a fait pencher sur le côté obscur, le jeu. Rien n’est irréversible, on peut toujours concilier les deux mais voilà …

Le second dilemne découle du premier : je passe désormais beaucoup moins de temps à m’occuper d’Emu Nova. D’un côté ce n’est pas plus mal car effectivement, ça me bouffait ma vie (même si ça en fait partie) de façon irraisonnable mais d’un autre, l’envie de bien faire les choses, de m’investir dans mes activités, la culpabilité d’en faire moins et de retarder ce que j’envisage (c’est ça le pire, j’ai toujours des idées pour me filer plus de travail -_-) … comme on dit, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière (si elle fait du bon fromage on se contentera de ça sans aucun problème ^^).

Ca m’arrivait de temps à autre mais comment dire, la motivation a légèrement flanché. J’ai toujours envie de travailler sur ce projet qui me tient à coeur, cette vulgarisation culturelle souvent assimilée à du piratage sans vergogne mais voilà, j’ai aussi envie de m’occuper d’autres choses, de moi, de mes amis. Tout arrêter serait une énorme erreur, tant pour moi que pour ceux qui attendent de moi, du site et des autres (la force d’une communauté entière qui a pris l’habitude de communiquer entre elle). Il me faut du temps pour mieux organiser ça, dans ma tête, dans mon agenda.

Tout ça pour dire qu’il faut s’investir dans ce que l’on croit être bon (en étant lucide, faut pas déconner) mais qu’il faut savoir s’arrêter quand il faut, se reposer quand il faut. A méditer … encore du travail en perspective.