Interprétations, tensions, conflits
S’il y a bien une chose dont je me doutais mais pour laquelle je n’avais jamais réalisé son ampleur, c’est bien la manière dont est vécu le travail par un individu. Il y’a vraiment de tout :
- celui qui traine des pieds pour bosser, le moindre effort lui fracturant le cerveau
- celui qui préfère trainer des pieds pour qu’un autre fasse une partie de son boulot
- celui qui a plein de trucs à faire mais qui au final ne fait rien faute d’organisation / de bonne volonté d’autrui pour le laisser un peu tranquille
- celui qui vient travailler en se disant vivement la retraite ; plus que 2920 jours de travail puis repart en se disant un jour de moins à travailler
- celui qui fait son travail normalement, arrive à l’heure, repart à l’heure
- celui qui fait son travail mais qui en fait 10 fois trop du coup il gave tout le monde
- celui qui arrive avant tout le monde, repart après tout le monde en se disant j’ai pas fait la moitié de ce que je voulais faire, maudit téléphone
- celui qui travaille bien mais qui ne cherche jamais de réponse par lui-même à ses questions
- celui qui pense que les autres n’ont rien à faire, donc devraient être disponibles immédiatement
- celui qui vient bosser, qui râle contre son boulot mais qui ne fera jamais rien pour l’améliorer
Mais le pire à mon sens, c’est le mélange de ce rapport travailleur / travail avec d’autres travailleurs. En effet, tout métier demande un minimum de communication avec ses collègues, ces derniers ayant régulièrement besoin d’aide ou pouvant régulièrement en fournir.
En commençant à travailler, je considérais comme normal de répondre aux attentes des autres mais j’étais loin de m’imaginer que c’était un terrain miné comme un champ de blé en Angola.
Seulement si on s’habitue vite au son du “Oui”, le “Non” en revanche est à formuler avec toutes les précautions du monde :
- pourquoi dire non alors que d’habitude ce n’était pas le cas : lui, il m’en veut
- pourquoi dire non alors qu’il y a un besoin urgent à répondre : il en n’a rien à faire, il s’intéresse qu’à lui
- pourquoi dire non tout simplement ? il me prend pour une cruche
Et j’en passe et des meilleures. Souvent on refuse ou on remet à plus tard car il y a bien entendu d’autres priorités, d’autres choses à faire ou parce qu’on était déjà en train d’aider quelqu’un d’autre. Et c’est là que les interprétations farfelues rentrent en jeu alors que ce n’est pas une question de volonté mais bel et bien de possibilité.
Des personnes qui se préoccupent qu’on les aide, il y en a. Mais des personnes qui se préoccupent qu’on a aussi un boulot à faire et que personne ne nous aidera à réaliser, il y en a déjà beaucoup moins. Si ces derniers comprennent amplement un refus, malheureusement vous devinez donc qui est susceptible de prendre la mouche à la moindre esquisse de négation.
Bienvenue dans la vie de ceux qui ne se soucient que de leur gueule.