Un DRM peut en cacher un autre
En ce moment se tient à Cannes un salon nommé le MIDEM. Les riches entreprises musicales y décident comment devenir encore plus riches. La tendance ces dernières années étant bien sûr de plus en plus avouable : pigeonner l’indivi… non, le consommateur. L’individu ayant un minimum d’esprit critique et de choix, on parle bien de consommateur à qui on demande de consommer sans être trop regardant sur ce qu’il achète et peut-être écoutera.
Je l’ai déjà dis bien assez souvent, je conspue les DRM (également appelées MTP). J’ai déjà expliqué pourquoi les DRM sont nuisibles, de manière générale.
Si on peut se réjouir de voir les industriels réfléchir au bien-fondé des DRM, de quoi faut-il s’inquiéter ?
Mais un peu de suspense ne fait pas de mal. Qu’est-ce qui fait qu’après avoir tant voulu imposer des mesures de protection sur les CD et les sites de téléchargement légal, la sauce ne prenne pas ?
Tout d’abord, les chiffres. Les mesures techniques de protections étaient censées enrayer le piratage qui était la seule explication logique et rationnelle justifiant la baisse du volume de ventes de CD musicaux. Or en 2006, les volumes de ventes ont malgré tout diminué parallèlement au nombre (supposé) de téléchargements illégaux sur le P2P. Les ventes de musique légale sur Internet ont augmenté mais pas assez.
Mais alors, pourquoi (tenter de) retirer les DRM des CD et des téléchargements légaux sur Internet ? Allez, devinette :
- parce que c’est pas bien de vouloir contrôler entièrement la chaîne musicale (du studio jusqu’aux oreilles des consommateurs)
- pour inciter les pirates de consommateurs à acheter
- parce que les DRM au contraire, ça freine les ventes (payer un CD pour ne pas pouvoir l’écouter, c’est d’un chic …)
- pour davantage d’interopérabilité entre les plates-formes de vente
- pour faire ch**r Pascal Nègre
Faites vos jeux, je vous donne la réponse dans le prochain billet. Celui-ci vous expliquera comment les gens honnêtes paient pour essayer des technologies onéreuses et pas prêtes à être diffusées (qui a dit la télé HD ?).
En attendant, retour à nos moutons : de quoi avoir peur pour la musique légale ?
De l’ingéniosité des marketeux et d’un mot qui fait fureur en informatique : les licences. Payer pour avoir le droit de. La différence est subtile avec le modèle actuel.
A l’heure actuelle, quand j’achète un CD dans le commerce, je suis propriétaire du support physique et j’ai le droit d’utiliser son contenu sans porter atteinte à son auteur. En clair, j’ai le droit de l’écouter, autant que je veux, où je veux (mais pas n’importe comment) et jusqu’à quand je veux.
Avec un système de licence, j’achèterai le CD dans le commerce, je serai propriétaire du support et j’aurai le droit d’utiliser son contenu sans porter atteinte à son auteur. En clair, j’aurai le droit de l’écouter, autant que je veux, où je veux (mais pas n’importe comment) et jusqu’au bon vouloir de son éditeur.
Si ce dernier a décidé que pour 15€, j’aurais droit à un album écoutable 1 an, je devrai repasser à la caisse passé le délai de 365 jours (année bisextile faisant foi) pour de nouveau pouvoir en profiter. Payer pour avoir le droit de. Elle est pas belle la vie ?
Comme l’explique cet excellent article d’Ars Technica (merci pour le site Sig’), c’est un imbroglio total.
Quand je bois une cannette de Coca-Cola, je paie pour ça. Quand j’en bois une autre, je la paie également. Et si je partage cette cannette avec ma femme, devra-t-elle payer aussi ?
C’est encore pire que les DRM : on ne limite plus l’utilisateur au contraire, on le force à payer.