Industrialiser l'artisanat de l'intégration Web, retour sur l'atelier

De l’eau a coulé sous les ponts depuis Paris Web, et surtout, depuis que j’ai animé mon atelier technique intitulé “Industrialiser l’artisanat de l’intégration Web” (titre amélioré sur une judicieuse remarque de Frank Taillandier … comme quoi on peut être végétarien et avoir de bonnes idées ;-)).

§La présentation

J’ai complètement changé d’axe d’approche entre l’appel à proposition de Paris Web et le jour venu. J’ai retourné le sujet dans tous les sens pour arriver à transmettre le message de la manière la plus adaptée qu’il soit au public. Parce qu’il est vraiment essentiel de comprendre votre auditoire.

De ce fait, j’ai préféré laisser tomber l’atelier magistral où j’aurais été le seul à partager. L’approche choisie fût celle de l’interaction design (IxD) ; notion découverte la veille pendant la conférence de Stéphanie Troeth. L’idée étant de construire ensemble le corps de l’atelier, de produire ensemble la réflexion et d’en arriver à des conclusions plus rapidement.

Le plus amusant fût qu’on arrivait aux mêmes conclusions, et que les _slides _suivant la phase de design répondaient aux questions nouvellement créées.

Pour l’expérience, et le résultat produit, j’en suis satisfait :-)

§Déroulement de l’atelier

L’atelier consistait à passer en revue 3 des étapes du développement frontend : l’intégration HTML, l’habillage CSS et les interactions JavaScript. Chaque étape se divisait en 4 composants de travail :

  • Production / réalisation
  • Organisation / équipe
  • Documentation
  • Tests

Pour chacun de ces composants, toute personne dans la salle pouvait suggérer une bonne pratique, une mauvaise pratique ou un outil. Cela s’est matérialisé avec un tableau blanc découpé en 4 zones, dans lesquelles on collait des post-it.

Pour la petite histoire, n’ayant pas pensé à acheter les post-il avant d’arriver à Paris, je me suis rabattu sur le premier choix venu, en me basant sur la connaissance du terrain de David Larlet : Loisirs & Créations du Bercy Village.

C’est ainsi que je me retrouvais avec 200 post-it en forme de cœur,  de maison ou de fleur.

Un peu de gaieté pour un atelier sérieux et créatif.
D’ailleurs, parce qu’on n’a pas bossé pour rien, et que Paris Web c’est aussi la création en plus de share the love, voici la carte mentale de notre heure de travail :

§Constats

Mon premier constat, en regardant la carte mentale, c’est qu’on a quand même réussi à produire un bon nombre d’éléments en 1 heure, avec un public qui n’était pas préparé et dans une configuration de salle de classe, remplie de surcroît.
La logistique s’est organisée d’elle-même, avec des contributions diverses pour ramasser les post-it, leur circulation et même la modération.

Quant au contenu en lui-même, plusieurs remarques s’imposent :

  • la très grande majorité des contributions concernaient la production (c’était flagrant, face au tableau)
  • par extension, il y a peu d’éléments de documentation et de tests et dans une moindre mesure, peu de travail en équipe/organisationnel (à part les classiques versionning)
  • en production de CSS et de JavaScript, le** nombre de mauvaises pratique équivaut ou dépasse les bonnes pratiques**

En une phrase et une seule : le développement frontend, en tous cas représentatif de la population présente dans la salle, travaille dans son coin, avec ses méthodes, peu adaptables à d’autres cadres.

§Et la suite ?

Mon avis c’est que si la production n’est pas forcément industrialisable au sens où on ne peut que difficilement automatiser la production du code, en revanche on peut automatiser les tests et la documentation, voire certains aspects d’organisation (diffusion automatique des commits, rapports etc.).

Une de mes hypothèses est que si le caractère individuel du travail est si marqué, c’est que nombre des méthodes, astuces et outils de travail sont basés sur des avis subjectifs. Pas étonnant que les réactions sur le mot industrialisation soient si virulentes et chargées d’émotions.

C’est une des raisons pour laquelle j’ai proposé en conclusion d’aller au-delà de nos jugements personnels pour formaliser des bonnes et mauvaises pratiques, que l’on applique ensuite à son projet si l’on est concerné. Un mélange des guidelines BBC et des bonnes pratiques Opquast en somme.

Ce que j’aimerais, c’est produire 2 livrables :

  • une checklist** de bonnes pratiques** de développement frontend
  • un livre blanc du développement frontend, comprenant en plus le processus de dialogue entre acteurs, pendant les phases projet

Ces livrables seront Open Source, libres, gratuits et créés collectivement, parce qu’on a tous des terrains d’expertise différents et complémentaires.

Share the love ;-)

Je ne manquerai pas de vous tenir informé des avancées de ces projets, qui me tiennent à coeur.
Je ne saurais que trop remercier les participants, présents lors de l’atelier Paris Web, ceux qui apporteront leur pierre à l 'édifice (même si ça ne concerne qu’un changement de virgule dans une phrase) et ceux qui apporteront leur soutien, Elie Sloïm en tête. Il propose en effet de mettre à disposition la plate-forme Opquast en tant qu’outil de contribution.

Une idée qu’elle est bonne.