Sud Web : entre rêve et marketing

D’habitude, le vendredi c’est la journée des trolls. Je préfère terminer la semaine doucement, sur une note d’ouverture.

Samedi dernier, le 5 mars, l’équipe de Sud Web s’est réunie à Nîmes pour voter le programme, déjà fortement élagué par le pôle orateurs pour n’en retenir que la crème.
Pour être précis, ce sont 12 personnes qui ont fait le déplacement jusqu’aux arènes, depuis Bordeaux, depuis Paris et même depuis Arles ! 12 personnes sur combien ? 14. Dont 1 excusé ayant prévu de venir et une personne en plein déménagement.

S’il y avait un pareil engouement pour se rendre aux urnes en avril 2012, j’en serais ravi.

§Qu’y a-t’il à retenir ?

Jusqu’à présent, depuis le mois d’octobre 2010, toute l’équipe a œuvré à distance, chacun dans son coin sans pour autant être désorganisée, au contraire : des pôles se sont vite structurés, le leadership rapidement affirmé. Toute l’équipe s’informait hebdomadairement des avancées, des problèmes rencontrés et du reste à faire.

On a travaillé dans la confiance. L’objectif est avant tout le groupe, l’évènement et non les intérêts personnels.
Pour autant, unir une équipe en créant une rencontre physique a toute son importance. J’y vois un besoin vital et amical à travers ce plébiscite. Non pas qu’on arrivait à un point de rupture mais plutôt pour transformer, poursuivre l’engagement, marquer un jalon.

§Serait-ce le « Sud » qui motive tant ?

Au-delà de l’équipe, qu’est-ce qui peut autant motiver à organiser un évènement, bénévolement, tout en conservant une cohésion d’équipe à distance ?
Serait-ce partager nos valeurs ? Où sont nos valeurs ?

Je dirais que rien que le nom correspond à nos valeurs, et celles de ceux qui viendront et aiment/aimeront l’évènement. Pas parce qu’il est symétrique (2 mots de 3 lettres) ni que ces 2 mots ont des courbes similaires (S → W, u → e, d → b) mais plutôt parce que c’est un des rares noms à véhiculer autre chose qu’une technologie, une information pratique ou une information géographique :

  • PyCon : Conférence Python (information sur le contenu) ;
  • SXSW Interactive : information géographique (tient également lieu des valeurs, rassemble un pays territorialement très grand) ;
  • Codebits : Développement orienté rétro/8 bits (information sur le contenu) ;
  • W3Café : Conférence courte sur les technos W3C (information sur le contenu) ;
  • Augmented Reality DevCamp : BarCamp orienté développement sur la réalité augmentée ;
  • etc.

Les noms sont ainsi car au final, ils permettent de s’y retrouver plus facilement.

§Le boom des conférences Web

La tendance est aux conférences produits, le marché se segmente. Si je reprends l’historique des conférences enregistrées sur Lanyrd, c’est équivoque (pour peu que les conférences passées aient bien été renseignées) :

  • 2000 : 12 conférences
  • 2001 : 22 conférences
  • 2002 : 17 conférences
  • 2003 : 34 conférences
  • 2004 : 40 conférences
  • 2005 : 57 conférences
  • 2006 : 102 conférences
  • 2007 : 182 conférences
  • 2008 : 295 conférences
  • 2009 : 499 conférences
  • 2010 : 2799 conférences
  • 2011 : 2701 conférences (et l’année n’est pas terminée …)

Les chiffres sont très certainement inexacts pour les conférences avant 2010 mais je les pense représentatifs de la tendance. Jusqu’à 2007, travailler dans le Web passait encore pour quelque chose de fou, en marge du monde du travail voire de l’informatique. Depuis 2007, c’est de plus en communément accepté, voire même tendance.

En 2012, il faudra travailler dans le Web sinon on aura raté sa vie. Je soupçonne même Valérie Pécresse d’avoir en réalité fait un appel du pied afin de devenir RP pour Facebook en France.
Si on le voulait, on pourrait passer son année en déplacement pour assister aux conférences. Ou en faire un job à plein temps.

§D’où l’importance des valeurs

Ce n’est plus une jungle, c’est un véritable bordel. Choisir sa conférence va devenir un véritable sport. La créer aussi. Loïc Mathaud nous le disait ce week-end : si on ne lançait pas Sud Web cette année, on ne sait pas si on aurait pu s’y atteler plus tard. Ce n’est plus seulement une question d’argent mais aussi de visibilité au sein de ce paysage de plus en plus rempli d’évènements.

À l’échelle du temps les langages de programmation sont éphémères. Les BuzzWordConf naîtront et mourront. Les SEOCon(g) et RockStarCamp mourront aussi.

Dans tous les cas, une fois passée la bulle, on souhaitera revenir à l’essentiel : « Dis papa, c’est quoi le Web ? ».
Le Web ? C’est un ensemble de valeurs qui évoluent, se font et se défont. Aussi nerd ou geeks que l’on soit, on croit encore à la liberté de parole, à sa diffusion et à des valeurs dissociées de l’argent. On voit aujourd’hui ce que cela fait de bâtir un modèle entièrement dessus : on perd de vue l’essentiel, jusqu’à vendre de la merde poudre dans nos assiettes.

§Conclusion

Sans avoir la prétention d’affirmer qu’on est des visionnaires, qu’on sera mieux que d’autres conférences, au moins je me dis qu’on propose quelque chose d’inédit.
Une conférence où pour la première fois, le « Sud » c’est le rêve, celui d’échanger avec des gens chouettes, au soleil et dans un joli cadre.

Parce qu’on peut être geek, partager un savoir-faire et aimer le savoir-vivre.
C’est ça, le Sud ! Alea Jacta Sud Web :-)