☕️ Journal : Privilège(s)
Je me souviens entendre le mot “privilège”, prononcé par Claire lors de notre session en binôme à MiXiT 2018.
Je l’ai entendu, mais il m’a surtout traversé.
Traversé parce que je me suis senti surpris, sans voix. Non, je n’avais jamais réfléchi à ce mot, et en quoi il me concernait.
Évidemment, je ne me sentais pas privilégié.
Et c’est justement un excellent révélateur, un indicateur qui signale que c’est le cas.
Ça a été une invitation à regarder ce que je trouvais de normal :
- normal de partir en vacances
- normal de ne pas avoir peur
- normal de marcher dans la rue, la nuit
- normal de ne jamais avoir peur pour mon corps
- normal de ne pas être malade
- normal d’être payé pour ce que je fais
- normal d’être bien payé pour ce que je fais
- normal d’être aimé
- normal de pouvoir choisir
- normal d’être une bonne personne
- normal de parler en public
- normal de savoir ce que je sais
- normal de voyager en montrant mon passeport
- normal de cuisiner
- normal de ne pas être pauvre
- normal d’être qui je suis
- normal de me mettre en colère quand je suis énervé
Ça a été une invitation à observer ma propre place dans un groupe, dans des groupes, dans des ensembles de groupes : suis-je le premier à parler ? Est-ce ce que je dis bénéficie au groupe, ou surtout à moi ? Et de laisser de la place.
Ça a été une invitation à être moins en compétition, et à être davantage encore dans le partage ; à abaisser davantage encore ma posture vis-à-vis des autres.
Alors merci Claire.
Et merci aussi Noémie : sans ton anecdote sur la peur de monter dans la voiture d’un·e inconnu·e en faisant de l’auto-stop, je n’aurais pas entendu ce mot en stéréo.