☕️ Journal : Mysticisme
Toujours dans sorcières, sages-femmes et infirmières de Barbara Ehrenreich & Deirdre English, je lis le paragraphe suivant :
Les hommes maintiennent leur pouvoir dans le système de santé actuel grâce à leur monopole des connaissances scientifiques. ##Nous sommes mystifiées par la science##, on nous apprend à croire qu’elle est désespérément hors de notre portée. Dans notre frustration, ##nous sommes parfois tentées de rejeter la science## plutôt que de défier les hommes qui se la sont appropriée. Mais la science médicale pourrait être ##une force libératrice, nous donnant un réel contrôle sur nos propres corps## et le pouvoir dans nos vies de travailleuses de la santé. À ce stade de notre histoire, chaque effort en vue de ##s’approprier et de partager la connaissance## médicale constitue une part cruciale de la lutte — les cours “connaissez votre corps” et les livres, les projets de self-help[1], les conseils et les cliniques gratuites pour les femmes.
Pour remettre en contexte, ce discours a été écrit en 1977, et il a participé à mobiliser les femmes à se réapproprier la profession médicale. Le constat est très certainement à atténuer.
Ce mysticisme de l’époque m’évoque la résistance au Covid, au masque puis à la vaccination que j’observe dans la vallée de la Drôme. J’observe le conflit entre le “prendre soin” et “être connecté à l’univers”, et l’effort narratif qui fait basculer vers l’un ou l’autre de ces aspects.
Je dresse un autre parallèle, avec l’informatique qui paraît magique à tellement de personnes de mon entourage rural. Au point de la rejeter, après une avoir vécu une exclusion —dématérialisation des démarches et fermeture des lieux de services publics, enfermement dans le modèle économique d’outils. La technique est prise pour cible des décisions et personnes qui les ont prodigué. Les passeurs de savoirs restent rares, et se cantonnent dans leur chapelle professionnelle.