☕️ Journal : Rapidement

Au mot “rapidement”, j’associe deux autres mots : implicite et fermeture.

Quand je lis qu’il faudrait quelque chose rapidement, je ne sais pas davantage pour quand, pour quoi ou pourquoi. Je ne connais pas davantage les enjeux, ni les risques. Je me retrouve à devoir faire le travail d’explicitation, et à déterminer les responsabilités des parties prenantes.

Quand je lis qu’on doit trouver rapidement une solution, qu’on doit agir vite, je constate une fermeture, une réduction de la qualité d’écoute — il n’y a plus de place aux questions, on bascule en mode solutions. On regarde des chiffres, on se demande où on doit retirer des choses, réduire ce qui coûte.

On ne se demande pas ce que ça génère pour les autres humains impliqués. On ne se demande pas s’il y’a du surtravail à retirer des personnes déjà surchargées. On ne se demande pas où est la valeur de notre travail. On ne s’étonne pas pourquoi les personnes qui travaillent se “sentent surveillées” si on leur parle de compter leurs heures. On ne se demande pas si ça a un lien avec l’épuisement professionnel.


J’ai regardé un épisode de “The Apprentice”, une série télévisée avec… Donald Trump. L’épisode 2 de la première saison. J’avais envie de comprendre un peu mieux comment il était acteur de/dans sa vie.

Il se passe exactement ça : deux équipes sont mises en compétition pour réaliser un projet en 48h. C’est terriblement genré, et pourtant, j’y retrouve ces deux éléments que j’associe au mot rapidement.

L’équipe “perdante” s’est de suite mise la pression, et n’est pas allée voir le client “parce qu’il n’y a pas le temps”. L’ambiance “command & conquer” a créé une subordination, déléguée à une personne qui voulait aller rapidement. Tout leur travail s’est basé sur de l’implicite (leurs projections), et personne n’a osé questionner. Tout le monde est entré en complaisance, créant une narration qui justifiait leurs propres agissements.


Quand j’entends rapidement, j’entends danger.