☕️ Journal : Le sous-sol

C’est l’histoire d’un palais. Il est immense, propre et tapissé d’enluminures.

Des personnes s’affairent dans ce palais. Elles font toutes quelque chose d’important. Elles prononcent des mots importants. Écrivent des idées importantes. Elles vont vite. Elles se déplacent de salle en salle à un rythme chorégraphié.

Aux murs, alternent les portraits du Prince, et des commandements. Ce qu’il faut faire. Ce qu’il ne faut pas faire. C’est exemplaire.

Près des grands escaliers, se trouve un petit escalier.
Ce petit escalier descend au sous-sol.
Les gens qui s’affairent prennent uniquement le grand escalier.

Quand on descend au sous-sol, on trouve la machinerie. Mécanique et humaine. Les grands fours qui engloutissent du charbon. Des grands tuyaux qui tapissent les murs et se vissent au plafond. Des visages fatigués, creusés par l’effort. De la sueur qui perle sur les fronts. Des costumes enveloppent leur corps — des costumes épais pour les protéger du travail, des produits et du feu.


Le Prince et les gens importants aiment avoir chaud, les robinets propres et se concentrer sur ce qui est important.

Le Prince ne descend jamais au sous-sol.
Les gens importants ne descendent jamais au sous-sol.


Il y a toujours un sous-sol. Toujours de l’huile de coude.

Derrière ce qu’on ne voit pas il y a un sous-sol.
Derrière du “magique” il y’a un sous-sol.
Derrière de l’automatisation il y a un sous-sol.\
Derrière du “facile” il y’a un sous-sol.
Derrière un héros il y’a un sous-sol.
Derrière une histoire il y’a un sous-sol.