☕️ Journal : Le conteur
Douze heures de trajet.
À peine arrivé, et déjà en mouvement.
Repérée d’un coup d’œil, cette boulange fera office de repas.
Elle a ouvert il y a quelques jours.
Sa journée se termine dans quelques minutes.
Sa fournée me nourrira pour plusieurs heures.
Posé sur un rocher.
Autour de soi, observer.
Les vagues fracassent les rochers.
Et le vent de souffler, souffler.
Du Finistère jusqu’aux Pyrénées,
De bord en bord,
C’est dare-dare que je termine ce tartare
D’algues étalées et lentement dégluties.
Elle écrivait : “comment peux-tu être lent si tu changes d’endroit tout le temps ?”. La question est piégée dans une illusion d’optique.
Le vent me traverse, me chamboule, me remue. Il presse ma peau avec force, et pourtant, c’est doux, c’est bon, c’est lentement fatigant. Je tiens bon, je veux tenir jusqu’à la dernière lueur mais à quoi bon, le spectacle est déjà consommé.
Les maisons qui presque trempent leurs pieds, je me demande où elles seront dans 50 ans et 2 mètres de montées de eaux.
Ces gens qui mangent dans une cage en verre, je me demande s’iels font semblant que tout va bien.
Ces gens qui ont leur télé allumé, je me demande s’iels regardent encore les étoiles depuis leur balcon.
Ces gens qui pique-niquent sur le sable, je les chéris dans mon cœur.
Je m’émerveille.
Comme hier je m’émerveillais de ces couleurs glissant derrière les silhouettes des toits.
Comme hier je recevais une baguette magique avec sérieux.
Comme hier nous étions tantôt 3 adultes, tantôt 3 enfants.
Demain je vais marcher, monter, souffler.
Pour contempler tes dernières heures paysages pensées peurs.
Et le vent de souffler, souffler.